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Docteur Bertrand DENIS (Comité Départemental USEP 49) Introduction : Encouragé par tous, médecins, éducateurs, parents , promue par la mode et les médias, la pratique du sport chez l’enfant semble la solution idéale aux méfaits de notre mode de vie et son cortège inquiétant de maladies cardiovasculaires, d’obésité ou de sédentarité. Mais cet engouement pour le sport ne compte-il pas lui aussi des risques pour la santé des enfants ? C’est une question qui nous est souvent posée. Pour y répondre de façon scientifique, il n’existe pas de vaste étude épidémiologique à l’échelle d’une population sur les conséquences de la pratique sportive chez l’enfant, sans doute trop complexe à mettre en place.Néanmoins l’étude des chiffres apporte un éclairage sur la question. Par exemple ceux de la CNAM sur les accidents montrent qu’avec 38200 accidents par an, le sport représente 44% des accidents de la vie courante des 10/24 ans, dépassant de loin les accidents de la circulation. Il est donc intéressant d’étudier quelles peuvent être les causes et les principales manifestations de ces risques sportifs chez l’enfant En quoi l’enfant est-il différent ? L’une des erreurs souvent commise est de voir l’enfant comme un adulte en miniature. En fait l’anatomie et la structure de son corps sont fort différentes. Au niveau du squelette ostéo-articulaire, il faut voir l’enfant plutôt comme une mosaïque de cartilages de conjugaison. Ces cartilages de croissance constituent des zones de fragilité. La structure osseuse est également plus fragile, car la vitesse de croissance n’est pas la même entre les membres (régulière) et le tronc (pic), ce qui crée un déséquilibre. Par contre l’enveloppe de l’os, le périoste, est plus solide, ce qui protège l’enfant des fractures déplacées. On voit souvent des fractures particulières comme celles dites « en bois vert », peu graves. Les tendons sont aussi plus sains et plus robustes. Les ligaments également, mais plus souples. En conséquence, chez l’enfant, on ne retrouve jamais de tendinite, jamais de claquages, peu d’entorses graves. Par contre les arrachements des insertions tendineuse sont fréquents, les fractures sont fréquentes et bénignes, sauf quand elles touchent les articulations (décollement épiphysaire), avec un risque ultérieur pour la croissance. Au niveau cardiovasculaire, on retrouve aussi des spécificités chez l’enfant. Il présente un handicap pour atteindre un niveau d’effort maximal : sa fréquence cardiaque est plus élevée, la fraction d’éjection du ventricule plus faible, la ventilation pulmonaire moins efficace. Donc il sera inapte à des efforts en résistance (effort maximal prolongé). Par contre l’enfant peu facilement améliorer ses capacités d’endurance. Cette dernière est donc un axe d’entraînement prioritaire. Par contre l’enfant a une récupération cardiaque plus rapide que l’adulte. Au niveau général il faut aussi signaler, la notion dynamique de la croissance macroscopique (taille et poids) et microscopique (structure osseuse), et les besoins énergétiques qu’elle nécessite. Ceux-ci sont nettement augmentés par rapport à l’adulte, et doivent être compensés par une alimentation adaptées, notamment en glucides lents, en eau et en produits laitiers. En au niveau psychologique l’enfant se distingue par une mauvaise maîtrise corporelle, une coordination moins bonne, une faible appréciation du danger, et des capacités d’attention amoindries. Quels sont les risques du sport chez l’enfant ? 1) l’accident Ce sont surtout des traumatismes de l’appareil locomoteur. Le genou est le plus fréquemment touché (25%). Le plus souvent par des entorses, en raison de son rôle de pivot du membre inférieur. Par contre les chevilles, les poignets, les coudes sont plus souvent victimes de fractures. Les traumatismes crâniens et de la colonne vertébrale sont beaucoup plus rares, mais leur fréquence augmente actuellement en raison des sports à la mode chez les adolescents (roller, skate ; dmx, surf) ou chez les profs d’EPS (acro-gym, sports du cirque). Le mécanisme est soit une chute (60%), soit une collision (40%). Les sports les plus coupables sont le football (30%) devant le basket hand et volley (19%), puis gymnastique, cyclisme rugby et ski avec (6%) chacun. L’accident est par nature imprévisible, mais un certain nombre de précautions permettent de le limiter. Des sols appropriés (éviter le ciment, les sols synthétiques), une adaptation de la pratique (sports du cirque, lutte, trampoline, snowpark, plongeoirs), le port des protections (roller, cyclisme), un bon échauffement, et peut être un bon exemple des adultes (sports professionnels médiatisés). 2) Les microtraumatismes C’est ce qui correspond au surmenage de l’appareil locomoteur chez l’enfant. Peu de tendinites ou de claquages donc, mais un risque d’ostéochondroses. Il s’agit d’une hyper sollicitation localisée, souvent au niveau des membres inférieurs, qui provoque une inflammation chronique d’une zone d’insertion tendineuse. Les plus connues sont la maladie d’Osgood, au niveau de la tubérosité tibiale antérieure, et la maladie de Sever au calcanéum, mais il en existe de nombreuses autres localisations. Elles touchent les enfants dans leur période de maturation osseuses, donc entre 8 et 15 ans. Mes causes sont des gestes répétés, sauts, sprints ou shoots au niveau des membres inférieurs (foot, hand, basket, tennis), ou au niveau des membres supérieurs la gymnastique, le tennis ou les sports de lancer. On retrouve aussi comme facteurs favorisants un échauffement insuffisant ou l’utilisation d’un matériel inapproprié. Au niveau du dos existe aussi une affection assez proche, la dystrophie de croissance ou maladie de Sheuermann. La scoliose n’est pas une conséquence directe de la pratique sportive, mais elle peut être y être révélée. En aucun cas elle ne constitue une contre indication à la pratique du sport. Il faut simplement déconseiller le rugby, le vtt, le judo ou l’équitation. Toutes ces lésions sont décelées par la présence d’une douleur, en milieu ou fin d’activité sportive, puis de plus en plus précoce jusqu’à devenir parfois une douleur de repos. Le diagnostic médical repose sur les examens radiologiques. Le traitement consiste en un repos sportif relatif, c’est-à-dire une pratique sportive autorisée tant qu’elle n’engendre pas de douleur. Il est parfois difficile à obtenir chez les enfants très actifs (escaliers, cour de récréation, jeux à la maison) ou à l’inverse chez ceux qui instrumentalisent leur douleur pour obtenir une dispense définitive de sport … 3) Le retard de croissance La pratique intensive du sport provoque une diminution de la sécrétion de certaines hormones, telles que progestérone et oestrogènes chez les filles et testostérone chez les garçons. L’effet induit par ces carences est un ralentissement de la vitesse de croissance, un retard statural, un retard de la maturation osseuses, un retard pubertaire. Mais ce retard n’est pas inquiétant, car on assiste à un rattrapage ultérieur et finalement la stature adulte de ces enfants sera la même. La prévention consiste donc à surveiller de près les enfants sportifs et à ne pas hésiter à les inciter à diminuer leur quantité de sport, voire à les arrêter pour rétablir une courbe de croissance satisfaisante. Les sports à risque sont la gymnastique, la natation, le tennis, la danse et le patinage. On considère qu’il ne faut pas dépasser 10 heures de sport par semaine tout compris. Certains auteurs évoquent même la possibilité d’un risque ultérieur d’arthrose à l’âge adulte au dessus de 8 heures de sport par semaine .4) Les risques cardio-respiratoires Il inquiètent toujours beaucoup, mais devraient être maîtrisés par une bonne prévention. Des signes tels que tachycardie anormale, hypertension artérielle à l’effort, mauvaise récupération, et à fortiori une syncope d’effort doivent conduire chez le cardiologue pour un bilan approprié (ECG, Echographie, Epreuve d’effort). Là aussi ce n’est pas le sport qui rend malade, mais plutôt l’activité sportive qui va démasquer un problème cardiaque. La prévention repose donc sur une visite médicale préalable à la pratique du sport, pour éliminer les contre indications éventuelles. On peu signaler : - Les affections cardiaques : cardiomyopathie, valves, troubles du rythme, malformations cardiaques comme la coarctation, la CIA, mais pas le souffle cardiaque !!! - Le diabète surtout mal équilibré - L’asthme mal contrôlé par le traitement - L’épilepsie - L’insuffisance rénale aiguë - L’insuffisance hépatique - L’anémie - La fièvre (risque de myocardie +++)5) Les risques cardio-respiratoires La pratique du sport n’est pas toujours synonyme de sérénité et d’équilibre psychologique.On peu observer dans un contexte là encore de surmenage : - des troubles du sommeil - une baisse de résultats scolaires - des troubles alimentaires - des troubles du comportement : difficulté à gérer la pression en match par exemple. Ils sont souvent la conséquence de la pression mise par les parents (plus que par l’entraîneur). La prévention repose sur le dépistage de ces signes d’alarme, par une écoute disponible à la fois des enfants et de leur famille. CONCLUSION : La pratique du sport chez l’enfant comporte bien sûr un certain risque. Nous avons vu que celui-ci peut être diminué par une prévention efficace : Eviter et dépister le surmenage sportif, adapter le cadre de la pratique (encadrement, matériel, installations, horaires), ne pas négliger la visite médicale préalable, écouter et informer l’enfant et son entourage. Le sport doit donc être prescrit, encouragé et expliqué, pour que l’enfant apprenne par le sport à gérer sa santé en harmonie avec ses désirs et ses possibilités psychiques et corporelles. |
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